MOONTIDE
Historique

Zurich, Noël 1993. Mon père, qui est venu me chercher à l'aéroport, me raconte qu'il a rencontré "par hasard" mon ancien camarade de lycée et ami de jeunesse, l'homme d'affaires et producteur Dées que j'avais perdu de vue depuis de nombreuses années. Quelques jours plus tard, je visite ce dernier à son domicile. Étant un ancien adepte de ma musique, il se familiarise avec mes dernières réalisations et enregistrements.

Bruxelles, mai 1994. Après la présentation d'une de mes compositions au Musée Royal, avec ma femme Mariko Sato et la chanteuse Sylvie Tremblay, nouvelle rencontre avec Dées. Il me lance le défi de composer et enregistrer la musique pour un nouveau DC qu'il désire produire. Il parlait alors d'une musique n'appartenant ni au créneau du jazz, ni à la musique classique, ni au pop ou à la musique contemporaine, sans toutefois nier ou éviter leur influence. Une musique ouverte à tous les horizons, qui se nourrit par l'attachement au subconscient collectif de l'âme sonore, qui contient des éléments d'une multitude de langages musicaux du monde entier et de toutes les époques. Il voyait une musique couvrant un vaste spectre, qui serait l'expression des émotions multiples et contradictoires qui forgent nos vie. Une musique qui vient du coeur mais qui évoque des pensées, des images et invite à faire participer le corps en entier. Une musique largement accessible et radiophonique! J'ai accepté sa proposition, car je voyais en ce projet le véhicule idéal pour laisser libre cours à mon imagination, sans contrainte de considérations stylistiques, puisant dans l'ensemble de mon expérience musicale vécue, tout en m'imposant une grande simplicité et en respectant ma propre authenticité.

Montréal, automne 1994. Je commence l'écriture pour ce projet, parallèlement à la composition du matériel pour l'exposition Le Port au musée Pointe-à-Callière, l'exposition La cité de l'or et une Symphonie portuaire pour le Vieux-Port de Montréal. Ces réalisations ont par ailleurs contribué au contenu de Moontide. Durant la même période, j'ai enregistré le DC Tricycle avec Michel Donato et James Gelfand.

Suisse, été 1995. Dées et moi choisissons parmi les nombreuses pièces que je lui propose celles qui constitueront le répertoire du DC Moontide. Dées me fait découvrir le groupe allemand L'art de passage. Nous convainquons le pianiste Stefan Kling et l'accordéoniste Tobias Morgenstern qui appartiennent à cet ensemble, ainsi que le jeune batteur suisse Daniel Spahni, de participer à notre projet.

Montréal, automne 1995. Arrangements et écriture des partitions individuelles pour les musiciens.

Winterthur, janvier 1996. Du Québec, c'est le bassiste renommé Sylvain Gagnon, en tournée en Europe, qui se joint à nous au Hardstudio. Nous y enregistrons la première partie de Moontide, ainsi que quelques-unes de mes compositions pour la chanteuse espagnole Chus. C'est au mois de mai que nous nous réunissons de nouveau pour terminer Moontide. Lors de ces moments, la collaboration était stimulante et intense, et chacun des musiciens a su imprégner la musique de sa touche personnelle par son interprétation et par ses improvisations. Toutes les pistes ont été enregistrées en son direct, sans utilisation de séquenceurs.

En studio à Montréal, été 1996. La jeune chanteuse québécoise Jessica Comeau, qui fait carrière en France comme cantatrice d'opéra, et Karen Young, une amie et collaboratrice de longue date, prêtent leur voix pour enrichir quelques-unes des pièces par leur timbre. Le percussioniste Luc Boivin, le trompettiste Ron di Lauro et le spécialiste du bruitage Jean-Pierre Limoges ajoutent également des détails importants à la finition de la musique.

Comme sur d'autres de mes disques, Mélosphère et Unclassified, la palette sonore de Moontide est dominée par les instruments acoustiques mais est élargie par l'ajout de couleurs délicates d'instruments électriques et électroniques. C'est le métissage de ces mondes encore peu explorés qui m'intéresse et qui donne à Moontide sa signature.

Liechtenstein, automne 1996. Au studio Tyrolis notre ingénieur de son, Patrick Müller, Dées et moi-même accomplissons le mixage de Moontide. Le mastering est fait en janvier 1997 en Suisse, au studio Ballhorn près du château de Kyburg.

Dans le courant de l'année 1997 un deuxième projet du même producteur avec la chanteuse espagnole Chus, et incluant les mêmes musiciens, fut terminé et distribué par BMG en Allemagne. Un premier tirage de Moontide a été effectué pour la Suisse et l'Allemagne. La réception très positive nous a encouragé à l'introduire en Amérique du Nord sous l'étiquette World Chart Records.